
D........comme désir
Derrière les mots se cachent souvent les étoiles et l’univers perçus par les humains.
Un de ces mots cache bien son jeu. Chacun se pense largement unique, se rassure en apprenant que son ADN, son fond d’œil, son empreinte digitale sont uniques au monde.
La quête éperdue de sa bonne éto�oe�le est son moteur rallumé chaque jour. Mais quelle est fragile la rose du Petit Prince qu’il décrète unique au monde! Que chacun est fragile dans son désir de se croire unique.
Le ‘dé’ de désir est un préfixe privatif, ainsi, la déraison est une perte de raison, la défiance est la disparition de la foi en quelqu’un, en quelque chose......
Le ‘sir’ de désir est une déclinaison de ‘siderare’: être glacé et froid (1) comme le ‘sidéral’, comme l’espace éto�oe�lé.
Le désir est donc l’émotion intime d’avoir perdu sa voûte éto�oe�lée, de ressentir un manque et de souhaiter le combler. Dès qu’il semble assouvi il renaît, le ‘toujours plus’ est notre part maudite (2).
La réalité est que sans autrui ego n’existe pas. Ego a besoin des désirs d’autrui pour caler son propre désir. Ego désire d’abord le désir d’autrui lui même désirant celui d’un alter.
«Je te croquerai» entend on dire aux bambins déjà bien impressionnés par les histoires d’ogres. Le désir s’accompagne d’une dévoration d’autrui, symbolique la plupart du temps mais bien réelle comme le souligne le tabou du cannibalisme.
�oe�toile filante mon amie, ne tombe pas dans l’escarcelle du désir humain...file..défile toi..reste inaccessible, entretiens les belles énergies, fuis les rivalités humaines, les imitations mortifères.
Humain mon ami, mon frère, ma sœur, contente toi d’une demi-jouissance, d’un désir inassouvi car tu risques de périr dans une tempête stellaire froide et dure.
Henri Malausséna
Ce petit essai est inspiré de lectures diverses, notamment celles des études issues de l’œuvre de René Girard par exemple ‘La genèse du désir’ de Jean Michel Oughourlian éditions ‘carnetsnord’ 2007.
(1) le métal froid est issu de la sidérurgie, il nous arrive aussi d’être sidéré!
(2) au sens de Georges Bataille
Sweet sixteen de Ken Loach