
�EUR Château Grimaldi, Cagnes-sur-mer. Soixante-quinze artistes issus du pourtour méditerranéen sont réunis pour une vaste partouze esthétique. D'entrée, on pénètre dans le ludique. Invités à passer la tête par des ouvertures ovales, on tombe nez à nez avec son propre reflet encastré dans le corps d'un stereotype. C'est l'occasion d'incarner un macho bodybuildé, une bombe sexuelle, un saint, un cosmonaute, ou quelque autre cliché pourvu de tous ses attributs, selon ce qui nous flatte le mieux l'ego. Ça clignote, ça reflète, ça chatouille l'optique : l'exposition s'annonce riche en stimuli sensoriels. Le château, lieu féerique, rajoute à la sensualité de la visite. Rez de chaussée : on entre dans une pièce remplie de froide obscurité. Une sirène de lumière surgit d'un coffre pendant qu'un mélodieux fantôme hulule. Plus loin, c'est quelque chose comme l'enfer. Sept suppliciés de bronze forment une ronde macabre. Rester en son centre, au milieu des corps pendus dont certaines parties semblent avoir été arrachées ou tranchées, constitue une expérience aussi pénible qu'impressionnante. On déguerpit. Dans la fuite, on va cogner contre une grosse armoire débordante de carrés de papier journal tricoté. L'artiste nous apprend que ses mailles enferment les mauvaises nouvelles pour ne laisser s'échapper que les bonnes. Dans tous les coins, d'autres bizarreries aiguillonnent l'intérêt. On monte un grand escalier de pierre au centre duquel des piliers recyclables se foutent en l'air. Un bas-relief rongé regarde un glaçon géant qui enferme une tenue vestimentaire pliée. Le soleil cogne. Sur trois écrans de télévision, un doux dingue exécute des acrobaties aussi humbles qu'absurdes. Au loin, un grincement menaçant résonne. Le fonctionnement de nos neurotransmetteurs s'accélère. Arrivés au dernier étage, on constate qu'on avance d'un pas plus sautillant, qu'on renifle d'un nez plus vif, qu'on tortille d'un popotin plus allègre. Que se passe-t-il ? Est-ce le petit rhinocéros suspendu, baissant la corne vers ses pairs peints et dessinés, qui nous irrigue le cortex ? Sont-ce les plis de l'étoffe rayée, cousue avec des mèches de cheveux, qui nous dynamise le lobe frontal ? Est-ce le mur de dessins suspendus dans leur cadre d'or vieilli, dont chaque élément compose une formule alchimique à décrypter, qui nous crée de nouvelles connexions neuronales ? Tout à coup, l'explication jaillit, toute simple : l'art fait du bien aux cerveaux. Il suffit de les voir rouler et voler autour d'un piano à queue blanc laqué pour en avoir la certitude. http://fr.calameo.com/read/003292440ff70bb9ee66d Animande, aux Urbains de Minuit et de midi